En France : quelle démocratie, et quels contre-pouvoirs ?
Le peuple souverain a tranché: il a décidé de donner à son nouveau président la majorité absolue pour lui permettre de gouverner sans encombre.
Mais en concentrant à présent tous les pouvoirs (locaux, régionaux, Parlementaires), la démocratie ne se trouve-t-elle pas mise à mal ?
Selon la répartition géographique des forces de gauche, sans avoir besoin d'évoquer celles de l'extrême gauche, et selon leur répartition dans les différentes Institutions, sur le papier la démocratie est effectivement en difficulté.
Nos nouveaux gouvernants se trouvent donc investis de responsabilités sans précédent dans l'histoire politique de notre pays. Non seulement le nouveau gouvernement qui verra le jour très prochainement n'aura pas droit à la moindre erreur, mais en plus de ça, il aura l'obligation républicaine de faire respecter, dans les faits, la démocratie. Il devra donc, plus que jamais et plus que tout autre gouvernement, écouter l'opposition quelle qu'elle soit, d'où qu'elle vienne, il aura constamment l'obligation d'associer toutes les opinions à ses décisions, par la concertation la plus grande, sous peine de très vite se voir reprocher par les français, la confiscation de tous les pouvoirs.
Enfin les opposants auront intérêt évidemment à faire entendre leurs voix, et les contre-pouvoirs à intervenir:
- le Conseil Constitutionnel en premier lieu, qui est de droite. Il jouit de grands pouvoirs, d'amendement et d'abrogation (cf la loi sur le harcèlement sexuel) et sa saisine a été récemment étendue à un collège de citoyens;
- les syndicats et partis, qui par les manifestations qu'ils organisent peuvent peser sur l'orientation d'un projet de loi;
- les médias, le quatrième pouvoir, et une certaine presse, qui peut également influer sur le gouvernement;
- les Institutions Européennes, lesquelles prévalent par certaines de leurs décisions sur les décisions françaises: elles peuvent très largement les entraver, ou conduire le gouvernement à renoncer à certaines réformes (ex: de la TVA; de la PAC, etc...).
Pour l'heure, c'est l'attentisme, mais il est clair que voilà une majorité écrasante, dont tous les actes vont être regardés "à la loupe", tant en France qu'à l'étranger, ce qui est le paradoxe de cette situation: avec une telle présence écrasante et majoritaire à tous les niveaux décisionnels de l'Etat, il semblerait logique de penser que MM Hollande et Ayrault n'auront absolument aucun mal à appliquer leur programme. Mais la réalité est moins simple, et c'est sous une très étroite et constante surveillance, que ce gouvernement va devoir oeuvrer, avec, il faut le rappeler, l'interdiction de tout droit à l'erreur.
Didier BROCHON
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